mardi 3 février 2009

La leçon de la rue

Le 29 janvier dernier, s'étaient donné rendez-vous le secteur privé et le secteur public, pour manifester dans la rue. Au delà du simple fait de faire part de son mécontentement, c'est avant tout le reflet de la dégradation continue de l'économie française.

Un révélateur avant tout.
Il s'agit bien là, d'un mouvement de grande envergure qui tend à cristalliser et synthétiser l'ensemble des griefs (latents ?) qu'ont les français envers leur gouvernement. Attention, je n'entends pas faire de la politique, ni d'orienter le débat, mais de toute évidence il y a un constat à tirer de tout cela, et je dois le dire, il n'est pas très reluisant.
A l'heure même où la croissance sera certainement négative en France en 2009 (même si le gouvernement table encore sur une croissance proche de zéro mais positive), il est normal que les français s'inquiètent de la montée du chômage dans le pays. Ce n'est cependant pas qu'un vague pressentiment puisque le nouveau pôle emploi fait état d'une augmentation de 217.000 chômeurs pour l'année 2008. C'est énorme. Dans ce contexte, ils ont vraiment l'impression que le gouvernement n'œuvre pas vraiment à la résolution de la crise ou si il le fait, c'est alors dans le sens des nantis, en bref, de ceux qui ne vont pas -et qui n'ont pas d'aller - se plaindre dans la rue.

Une situation difficile mais pas inextricable
La consommation à la peine, le chômage en hausse... Le tableau est plus que noir et le bilan du gouvernement s'en trouve considérablement assombri, certes mais pas de façon irrémédiable. Il faudrait pour cela qu'il procède à des arbitrages, à des décisions difficiles mais nécessaires. Notamment en ce qui concerne le pouvoir d'achat. Je sais les médias n'ont que cette phrase en tête, mais elle est d'une véracité insolente, voir insoutenable. Mécaniquement, il faudrait permettre aux français d'avoir plus de ressources, plus de moyens. Je le disais précédemment les leviers sont nombreux, certains coûtent cher (crédit d'impôt, allocations, etc...), d'autres ne coûtent pratiquement rien (allègement des crédits, revalorisation du SMIC, etc...). En cela, j'interprète la baisse de la rémunération du livret A de 4% à 2.5% au 01 février, comme une atteinte à la capacité individuelle d'épargner et une espèce de marche arrière sociale. Car si la généralisation de la distribution du livret A (qui semblait être une bonne chose) était plutôt influencée par le conseil de l'Europe (donc indépendamment des instances françaises) dans sa lutte contre les monopoles, le fait de baisser son taux en a retiré tout son attrait. C'est délibérément une atteinte contre le bas de laine des français.
Hélas le gouvernement dans sa soif de reformer ne fait pas que des heureux, bien au contraire, et je me demande encore ce qu'il fait pour les plus démunis d'entre nous. Pourtant il devient nécessaire de réhabiliter cette frange de la population, en voie de marginalisation pour la plupart. Car économiquement parlant, des gens au travail rapportent plus à la société que quand ils sont au chômage (c'est normal, vous me direz). Oui, mais c'est à partir de ce constat que le gouvernement devrait néanmoins axer ses efforts. La relance de la consommation passera immanquablement par là. Encore faudrait-il que le travail, une fois acquis, garantisse un niveau de rémunération décent, or de récentes études font état que dans le pays, il y a de plus en plus de travailleurs pauvres, c'est-à-dire de personnes rémunérées normalement, mais qui ne peuvent avoir accès à un logement, à la nourriture, aux soins, etc... Le basique en somme.

Pour une fois, pourquoi ce ne serait pas l'état au service des citoyens, et non pas forcément les citoyens au service de l'état ? Je sais que cette réflexion peut sembler terriblement cliché. Mais je trouve qu'avec les problèmes sociaux, elle trouve une consonance particulière.