mercredi 22 février 2012

Le pouvoir d'achat, vrai problème de fond

Jusqu'à présent dans cette campagne, un seul candidat ne s'est intéressé au pouvoir d'achat. C'est François Bayrou. Non pas que mes opinions politiques convergent vers les siennes, mais force est d'admettre que pour une fois un candidat déclaré à la présidentielle aborde ce sujet. Et pourtant les problèmes sont multiples en France, mais le point de départ de tout président qui se respecte devrait commencer par là. Pourquoi me diriez-vous ? Ben parce qu'en France, la confiance des électeurs se gagne déjà dans les supermarchés... C'est comme qui dirait une tradition en France. Mais ces dernières années, la crise a détruit une autre confiance : celle que chacun avait en les supermarchés.

Ben oui, après les producteurs de laits, la boucherie, les maraîchers, les français se sont rendus compte que ces grandes surfaces les asphyxiais tout simplement et dans l'impunité la plus totale. En même temps, nous clients étions de peu responsables de cet état de fait, mais bon... Si vous ajoutez à cela, toutes les crises sanitaires (ESB, H5N1) de ces dernières années et les concurrences déloyales des autres pays, vous obtenez une filière en crise... Pas étonnant donc.
Mais le pouvoir d'achat est une donnée à géométrie variable. Le pouvoir d'achat, c'est avant tout l'argent dont vous disposez une fois que vous avez réglé les dépenses contraintes. On vient de parler de la nourriture sans cesse plus chère, mais il y a aussi l'énergie (électricité, chauffage et essence), le loyer, l'eau, les transports. Dans cette liste, on peut aisément réaliser qu'aucune de ces charges n'est restée stable ces dernières années. On assisterait même à une très jolie envolée des prix.
D'abord avec les loyers. Avec la crise, l'immobilier ne s'est jamais senti aussi bien. Je parle bien depuis 2008, date du déclenchement de la crise des subprimes. Ainsi les prix de l'immobilier dans le neuf et dans l'ancien ont connu des croissances sans précédent. Ce phénomène est la base d'une quantité ahurissante d'évictions (loyers impayés). D'ailleurs, le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre, rapporte 900.000 sans logement portant à 3,6 millions de mal-logés ou sans logement. Des chiffres incroyables au demeurant.
Ensuite l'essence. Elle vient de franchir la barre symbolique de 1€60 le litre de super 95. Vous me direz qu'il fallait s'attendre à une hausse constante du prix de l'énergie et vous aurez raison. Mais là aussi, il faut admettre que cet état de fait qui vient s'ajouter aux autres est particulièrement pénible pour les classes populaires.
Alors en cette période présidentielle si l'on parle des programmes des candidats, il est certainement un candidat qui sera jugé plus facilement sur ses résultats puisque sortant, que les autres.
Le pouvoir d'achat est quelque chose de cruciale dans un état, car il est le reflet de l'état mental d'un pays. Eh oui ! Imaginez si vous gagnez un peu plus d'argent, qu'allez-vous faire ? Eh ben tout simplement consommer. Des biens de toute sorte d'ailleurs ! Si d'aventure, vous gagniez moins, eh bien alors, vous seriez tenter d'arbitrer des dépenses "loisirs" (pourtant bonnes pour le moral d'où un certain sentiment de frustration). Par conséquent, vous consommeriez moins. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que quand on consomme vous et moi, on paie de la TVA qui rentre directement dans les caisses de l'état ! Mais quand on consomme moins, c'est de l'argent en moins qui rentre et l'état est alors obligé de trouver ailleurs cet argent sous peine d'alourdir la dette souveraine ! Ce n'est pas pour rien que par abus de langage, on parle de "moteur de l'économie" en parlant de la consommation. Certes il en existe d'autres mais chercher à les réguler est plus compliqué et est souvent interprété par l'opinion, comme de la prise de mesures iniques.
Alors Messieurs et Mesdames, les candidats, loin de moi l'idée de vous donner une leçon d'économie (que vous aurez certainement étudié plus longtemps que moi). Mais vous devrez admettre que si la sauvegarde du secteur industriel en France est une évidence, celle de la préservation du pouvoir d'achat devrait être également l'une de vos préoccupations. Si vous ne pensez pas que élections se gagnent sur ce terrain, alors méfiez-vous de ce que penseront les urnes, les 22 avril et 06 mai prochains.