mardi 14 décembre 2010

Le bank run d'Eric Cantona... ou l'allégorie de Moby Dick

Au départ, je dois dire que l'ancien joueur de Manchester United jouit (ou jouissait) d'une réputation plutôt confortable. Certes quelqu'un d'impulsif, mais il est aussi l'un des sportifs préférés des français. Mais là je dois dire que son appel est une chimère.

Au départ, son constat (qu'on le partage ou non) est de générer une pagaille chez les banquiers afin que ceux-ci comprennent que ceux qui font la loi, ce sont les clients et non les banquiers. Pour cela il s'appuie sur le phénomène de "bank run". Je m'explique.
Les clients apeures par la perte de capitaux de la banque anglaise Northern Rock, se sont précipités aux guichets de cette dernière, afin de retirer leurs économies. D'ailleurs même si le fait de retirer les économies a été dommageable pour l'établissement, il ne lui pas été fatal pour autant.
Le bank run s'appuie donc sur le phénomène de la panique contagieuse... normalement. L'appel d'Eric Cantona devait donc porter un coup de semonce à nos chers banquiers. On pourrait parler d'un coup dans l'eau, plutôt.

Malgré les quelques 34.000 personnes qui se sont inscrites sur sa page FaceBook, son action était vouée à l'échec pour au moins deux bonnes raisons.
La première est que la somme totale des avoirs qu'auraient pu retirer ces personnes n'aurait jamais pu dépasser les 100 millions d'euros. Cette somme est dérisoire face à la trésorerie accumulée des banques. Ces dernières ont une obligation de constituer un fond propre de 8% du capital de la banque. En outre, toutes banques françaises confondues, cette somme se chiffre à plusieurs milliards d'euros !
En second lieu, les banques possèdent des règles internes pouvant demander un délai lors du retrait de grandes sommes. Donc même si toutes ces personnes auraient souhaité retirer leur argent, elles n'auraient vraisemblablement pas accéder aux demandes les plus exigeantes.

En réalité, je place cette action bien au-delà du simple fait d'une communication maladroite. Mais il faudrait y voir plutôt une certaine défiance (pour ne pas dire méfiance) du système capitaliste par une frange, et non des moindres, de la population. En plus pour qu'une célébrité du football s'en empare, c'est aussi révélateur d'un certain malaise. Mais heureusement pour nous, Eric Cantona a encore des progrès à faire en économie !
Cette action restera donc une utopie économiquement parlant. Partant d'une bonne idée comme la taxe Tobin, tel le capitaine Achab poursuivant la baleine blanche, tout simplement...

dimanche 28 novembre 2010

La déchéance de l'Irlande

Déchéance est certes un mot un peu fort pour décrire la situation irlandaise, mais vous avouerez comme moi qu'il n'y a pas d'autres termes pour qualifier la tragédie dans laquelle s'est engouffré le dragon celte. Un chiffre résume à lui tout seul l'ampleur des dégâts : 90 milliards d'euros. C'est le montant de l'emprunt adressé à l'Irlande. C'est en outre le montant nécessaire pour renflouer les banques irlandaises elles-mêmes au bord du gouffre. Mais comment diable, les irlandais en sont arrivés à ce stade ? Ben à dire vrai, la solution est à chercher outre-atlantique ou du moins dans ses grandes lignes, je m'explique. Les banques dans leurs efforts insatiables de faire des gains, se sont empêtrées dans des spéculations immobilières exactement comme l'ont fait les grandes banques américaines. Et là encore les américains, c'est bien l'état qui est venue à l'aide des banques. C'est notamment comme cela que l'on fait d'une dette bancaire, une dette d'état. Ce mécanisme a été largement utilisé en 2008 quand les banques fermaient les unes après les autres.
La conséquence directe, c'est qu'avec une dette soumise au marché des titres et créances, la notation de l'Irlande s'est vue abaissée. Ce fait a aussi une autre conséquence directe : les emprunts accordés à l'Irlande sont devenus plus chers.
Le plan de redressement prévoit de passer en cinq ans de 37% du PIB à seulement 3% : ce n'est plus un plan de rigueur, c'est presque suicidaire économiquement parlant. Mais l'Irlande avait-elle réellement le choix ? A dire vrai, non !
Personne n'aurait accepter de prêter de l'argent si l'Irlande ne s'était pas réformée profondément, tant sur le plan comptable que économique. Mais heureusement pour l'Irlande, les investisseurs ne se s'y sont pas trompés : l'Irlande reste un pays ou la productivité reste l'une des plus élevée d'Europe. De plus avec le plan de rigueur engagé pour réduire le déficit, les salaires ont peut être baissé, mais sa crédibilité a été un peu sauvée. Il faut dire qu'elle n'est pas aussi entachée que celle de la Grèce où la crise sévit sur le plan économique mais aussi sur le plan structurel avec sa corruption galopante, pour ne citer que cela. Revenons à l'Irlande, la réaction des états européens a surtout permis d'éviter la contagion avec le Portugal qui lui montre aussi des signes de faiblesse économique. Il est admis également qu'une nouvelle crise de confiance des marchés a été évitée. Ils n'en n'auraient vraiment pas eu besoin.
Tout cela est bien joli, passez moi l'expression, mais tout a chacun sommes en droit de nous demander si les vraies leçons ont été tirées de ces événements. Même si le pire a été évité, le scepticisme peut rester de mise.

mercredi 10 novembre 2010

600 milliards de dollars pour relancer l'économie

600 milliards de dollars pour relancer l'économie... mais pas n'importe laquelle. Il s'agit d'une décision du président Obama d'impliquer la FED dans la reprise économique. Mais il s'agit d'une arme à double tranchant à bien des égards. D'abord du point de vue américain, sous la forme d'un plan Marshall, si l'argent arrive à créer des emplois alors les recettes fiscales générées seront les bienvenues et le pari du président sera gagné. Dans les faits, nous savons pertinemment que cet argent ne servira pas qu'a cela ! Une partie partira délibérément dans le secteur bancaire fortement sinistré depuis le scandale Maddof et les difficultés rencontrées par Freddie Mac et Fanny Mae. Nous le savons aussi que les seules reformes qui ont été apportées au secteur financier ont abouti à des accords de principe sans pour autant avoir les contraintes d'une éventuelle législation !
Mais là n'est pas le problème du président ! Les objectifs sont clairement avoués : c'est dévaluer un petit peu le dollar afin de booster les exportations américaines et qu'elles soient plus compétitives que les européennes. Ça c'est l'effet mécanique de cette action qui fait remonter l'euro !
Du point de vue européen, le jeu est même pire, car si une relance de l'économie américaine serait la bienvenue pour nos exportations, nous risquons de ne pas nous retrouver au change... sans jeu de mots. Ce qu'il faut voir aussi c'est que les américains ont une opportunité incroyable. Alors que les européens ne seraient pas capables d'un tel acte comptable puisque fonctionnellement il faudrait pouvoir être capable de repartir une dette entre les différents états membres. On voit que l'aspect polycéphale de la gestion de l'union empêcherait tout action de ce genre. Concrètement si l'union nous permet de peser dans les tractations politico-commerciales, elle ne nous permet pas de manière significative de peser dans la politique économique mondiale, même si la BCE semble gagner en crédibilité ces derniers temps.
La relance économique américaine, alors oui mais sur fond de guerre des monnaies ; et c'est une bataille qui est déjà perdue pour l'Europe.

dimanche 24 octobre 2010

La situation économique...

3.3% hors assurance, c'est le taux de crédit auquel peuvent désormais emprunter les clients des banques. C'est le taux le plus bas depuis les années 50. C'est plutôt une bonne nouvelle.
Ce qui est moins drôle, c'est que mécaniquement les prix dans l'immobilier s'envolent ! Ben oui, plus d'acquéreurs mais avec une offre jugée parfois insuffisante dans les grandes villes, la réponse est immédiate ! Est-ce que la hausse de l'immobilier est un signe de santé économique ? Ben pas forcément il suffit de voir les prix du pétrole qui repartent à la hausse (il a franchi cette semaine, la barre des 80$), de l'or et du cuivre, est plutôt signe d'un marasme ambiant plutôt rampant, contrairement à ce que l'on a connu en 2008, qui était plutôt fulgurant ; on aurait presque pu parler d'emballement des marchés. Et le marasme est bien présent !
Le spectre de la faillite de la Grèce n'est pas tout à fait éloigné même si les gouvernements européens sont montés au chevet. Que dire aussi de l'Irlande et du Portugal, l'un a vu son taux de chômage repartir à la hausse, quand l'autre voit sa note dégrader par un agence new-yorkaise de notation (à comprendre, sa solvabilité, et du coup, le taux d'emprunt est plus important).
L'heure est plutôt donc à l'immobilisme sur les marchés... J'ai dit immobilisme ? Ben pas tout à fait ! Des reformes courageuses et pas forcément populaires doivent être entreprises tant au niveau national, qu'individuel et là, ça nous concerne tous...
Ça passe par un abaissement du train de vie de l'état, trouver des sources de prélèvement les plus équitables (taxes et impôts). Vous me direz c'est toujours le même problème : on taxe toujours un peu plus les contribuables ! Et vous aurez raison mais c'est à ce prix que le pays continuera à être productif. Mais le gouvernement devrait être vigilant sur ces leviers, car à trop vouloir prélever c'est de précieux points de croissance que l'on ampute le bilan à la fin d'une année.
Le marasme oui, il faut s'en débarrasser mais pas en vidant les poches des électeurs, car le remède pourrait être pire que la maladie... surtout en 2012 !

mardi 29 juin 2010

Austérité, vous avez dit austérité ?

Bonjour,

Cela faisait longtemps que je n'avais pas posté sur ce blog et je tenais à m'en excuser auprès de chacun d'entre vous.

Austérité, le mot est lâché. Pourquoi Austérité, me direz-vous ?
En fait depuis les événements grecs, les européens ont donc fait front commun pour apporter leur soutien à cette économie qui se trouvait dans le plus grand désarroi. Je rappelle pour ceux qui n'avaient pas suivi les faits : la Grèce annonçant un déficit record menaçait de mettre en peril la stabilité économique de la zone Euro toute entière. A la suite de quoi, nous avions découvert que le Portugal, l'Italie et l'Irlande n'étaient pas à l'abri de la crise... Et crise, il y a eu puisque l'euro a par la suite dévissé méchamment !
En fait, l'austérité n'est venue qu'après. Le gouvernement grec annonça que des économies budgétaires au niveau de l'état allaient être faites. Ce qui signifie implicitement plusieurs choses : gel du recrutement des fonctionnaires, gel des salaires, investissements annulés, allocations supprimées, etc... Bref, si vous n'avez pas vécu dans une grotte, ces cinq derniers mois, vous n'avez sûrement pas échapper aux émeutes et aux différents problèmes sociaux de la Grece. Vous l'aurez aisément compris : l'austérité prônée par le gouverment grec n'a vraiment pas été du goût de tout le monde ! Tout le monde ? Non ! En réalité, nos politiques se sont donnés le mot, qui est de surcroit, revenu dans le langage courant.
Le fait est, que par solidarité tout le monde se doit un passage à l'austérité (faute d'être à la postérité) ! On se souviendra de la polémique autour de l'équipe de France de Football logée dans un cinq étoiles à Knysa, au frais de la fédération et non de la Republique, comme certains auraient aimés l'admettre ! Néanmoins ils auraient pu être logés en chambre d'hotes comme leurs collègues anglais. Chacun son truc, vous me direz.
Que dire aussi des garden-partys de l'Elysée et du quai d'Orsay annulées, pour cause d'économie ! On sait que celle de l'Elysée aurait coutée un peu plus de 700.000€ au total. Mais ce n'est rien pratiquement rien quand on chiffre le déficit de la sécurité sociale (branche maladie de CPAM) vers 12 milliards d'euros environ !
Je me dit qu'à ce prix, ils auraient pu la conserver leur petite sauterie entre potes de science po et ENA, ça ne changerait rien aux destins de 60 millions de français ! Mais ça, ça reste que mon opinion.
Voilà donc que les politiques du monde entier se mettent à l'austérité.
Ça ne reste que des économies de bout de chandelles.
Du coup et c'est vrai, on se demande où va-t-on aller dans l'austérité ? Il ne se passe pas un jour où les termes "austérité" ou "rigueur budgétaire" ne soient prononcés par les économistes !
Nos chers politiques auraient-ils oubliés le fondement même de l'économie ? Si on coupe les robinets des investissements, les richesses vont se créer plus difficilement, voir pratiquement pas.
M. Sarkozy prévoit de réduire le train de vie de l'état, soit ! Mais pourquoi donc ne se réfère-t-il au rapport de la cour des comptes, qui émet tous les ans des avis négatifs, quant à l'utilisation du denier public et des gabegies qui en sont faites de temps à autre.
Il devrait neanmoins tenir compte de l'adage : "un denier économisé, c'est bien ! Un denier mieux utilisé, c'est nettement mieux !"

Arnaud

mardi 18 mai 2010

Les intérêts d'une monnaie forte (ou d'une monnaie faible)

Cela faisait un petit moment que je n'avais pas posté sur ce blog. Il faut dire que les sujets d'économie ne me passionnaient pas énormément. Le sujet de la Grèce avait toutefois susciter ma curiosité et la vraie et unique question était "la Grèce va-t-elle faire couler la zone Euro ?" me donnait vraiment envie de blogger.
Seulement l'actualité a été tellement rapide dans sa progression que la réponse est arrivée en moins d'une semaine. Je n'ai conséquent pas eu le temps de réfléchir à ce sujet. Et malheureusement, une semaine a été suffisante pour faire perdre plus de 10% à la bourse de Paris !
En réalité, je ne voulais pas commencer à disserter sur la position de la Grèce ou de celle du Portugal, mais le fait est que nombre d'investisseurs sont quelque peu inquiets sur les capacités de remboursement de ces derniers, ce qui trahit les angoisses des marchés.

Mais actuellement la monnaie européenne se trouve assez dépréciée sur les marchés. Mais qu'est ce que cela signifie réellement au quotidien pour le citoyen lambda ?
Ben concrètement il y a le pétrole. Et le pétrole, ça se paye en dollars. Mécaniquement plus l'euro est fort par rapport au dollar et moins le pétrole est cher. De facto, le prix à la pompe s'en trouve réduit pour un prix du baril constant. En parlant du pétrole, nous pouvons également parler des importations (dont le pétrole fait egalement partie)

A prix de revient constant, les produits finis étrangers sont meilleur marché. Qu'est ce que veut réellement dire ? Ben pour un produit à 100€, une appréciation substantielle de la monnaie pourrait le faire passer à 95€. Certes, ce jeu de mécanique économique n'est pas très marqué mais essayez d'imaginer ce que ça serait pour l'achat de gros biens comme des avions. La facture au final n'est plus vraiment la même !
D'ailleurs les déficits commerciaux tendent à se résorber quand la monnaie est forte, mais ce point de vue ne reste qu'une estimation de conjoncture puisque les demandes intérieures changes en fonction des époques économiques.

Quid des exportations ? Ben c'est le même problème mais à l'envers et la réciproque est appliquée à la lettre ! Ce qui devient bon marché dans un sens devient "mauvais marché" dans le sens contraire !

En prenant le problème à l'envers, car l'euro tend à se dévaluer : alors, certes le petrole est plus cher, certes les produits étrangers sont plus (certains vont même à rehausser leur prix en magasin)... Mais il y a une chance incroyable pour les produits français qui du coup deviennent bon marché à l'étranger.

On voit qu'en économie plus qu'ailleurs le bonheur des uns fait le malheur des autres et réciproquement !

A bientôt !

Arnaud