lundi 20 octobre 2008

Une crise mondiale polymorphe

Je parle de la crise depuis déjà un petit moment et je m'aperçois qu'elle a pris différents aspects et c'est notamment en ça, qu'elle se révèle être particulièrement impactant au quotidien.

les loyers, d'abord
Tout d'abord, il faut bien se rendre compte que la crise a commencé avec les logements. C'est surtout aux USA, qu'elle s'est concrètement matérialisée. La faute aux taux d'intérêts, subitement (le mécanisme a mis un peu plus d'un an à se mettre en place) trop élevés rendant les crédits hypothécaires impossibles à rembourser pour des centaines de milliers d'américains, les précipitant dans un second temps, dans la rue. Il est surtout intéressant de constater que les banques dans un élan du toujours plus, a fini par tirer sur ce qui la faisait vivre : les ménages américains défavorisés, limite classe moyenne. Tout simplement, la corde a cédé.

Les banques ensuite
En surestimant les capacités de remboursement, les banques se sont littéralement tirées une balle dans le pied. En effet, en marginalisant, les parties de population, jusque là à même de rembourser, elles se sont tout bonnement privées, d'une partie de leur approvisionnement en liquide. Or, et nous le savons aujourd'hui, que c'est quand les clients mettent du cash dans les banques, qu'elles peuvent tout bonnement fonctionner.
Première moralité : jamais se priver de ce qui peut toujours rapporter (ie, les clients) même si ça rapporte moins que prévu.
La suite de l'histoire continue avec la faillite de la banque d'affaire américaine Bear Stearns, qui se retrouvant avec des biens immobiliers sans valeurs (résultant des saisies suite à des défauts de remboursement), n'a pas eu d'autre choix que de se declarer en faillite.
A la limite, le problème aurait pu se cloisonner à une série de pertes dans les différents groupes financiers, mais c'était sans compter sur des actifs adossés aux créances "subprime" (crédit hypothécaire). Chacune d'entre elle, se refilant ces fameux titres de créance, elles n'ont en fait, que faciliter la propagation de la crise. À ce moment, précis la machine (basée sur la confiance respective des banques entre elles) a commencé à s'enrayer.
Deuxième point qui a fait du tort aux banques, c'est la désertion des investisseurs du marché actions pour celui des matières premières. Il faut dire qu'à contrario de la bourse, le marché des matières premières a connu une flambée sans précédent, soutenue par une demande des pays émergents robuste. De ce point de vue, la Chine et l'Inde ont leur part de responsabilité dans la crise actuelle. Bon d'accord, on ne peut pas leur reprocher de vouloir absolument se développer. Ce phénomène a fait payer très cher ces derniers, même s'ils ont tenté de répercuter la hausse des coûts des matières sur les produits finis, ce qui a notamment contribué à l'effet inflationniste ressenti dans les pays occidentaux.
Parmi les victimes, on comptera Lehman Brothers, dont tout le monde s'accorde à dire que ça a été une erreur monumentale de laisser sombrer dans la faillite, alors que des établissement comme Fanny Mae ou Freddy Mac ont fait payer au contribuable, le prix fort de leur coeur de métier : justement, les crédits hypothecaires. Il faut dire que ces deux derniers organismes couvraient à eux deux, 40% des foyers américains.
On aura aussi noté les défaillances de Merill Lynch, de la banque Wachovia, de Washington Mutual et fait plus extraordinaire, l'assureur AIG, dans un secteur qui semblait plutôt epargné par la crise, malgré la promiscuité des métiers des banques et des assurances. Il faut aussi constaté que ce climat deletere a été partulièrement propice aux rapprochements : on pourra citer Wells Fargo qui a racheté Wachovia, pour ne citer qu'eux.

Les états après
Dans ce contexte, quand les rapprochements entre organismes ne peuvent être faits, ce sont les gouvernements qui prennent la relève en les nationalisant partiellement. Les sommes déployées sont relativement conséquentes et se chiffrent en dizaine de milliards d'euros ou de dollars, outre-atlantique.
j'ai volontairement parlé en euros, car l'Europe n'est pas en reste. On se souviendra de Dexia, la banque franco-belge , à présent "avalé" par la Société Générale, Fortis... Les exemples n'ont (hélas ?) pas manqué. Comme je le disais précédemment les cartes économiques ont largement été redistribuées, et le prochain tour n'est pas pour tout de suite !

Des actions multiples et variées
Tour à tour, dans cette crise, nous aurons vu agir tous les acteurs (hormis les consommateurs condamnés à encaisser les coups) chacun tentant à son niveau de faire barrage à ce qui ressemblait particulièrement à une hémorragie. La FED, tout d'abord, en abaissant ses taux directeurs négociés au jour le jour, entre les banques. Cela permettait notamment de créer un appel d'air en diminuant le coût du loyer de l'argent. L'action a eu des effets plutôt brefs.
Ensuite, il y eu le très médiatique plan Paulson du nom du directeur du trésor américain, Henry Paulson. Ce plan de large envergure ne cachait pas son ambition de juguler la crise en inondant le marché de liquidités à hauteur de 700 Mds de dollars. Les parlementaires américains peu enclin de prime abord, ont du faire contre mauvaise fortune, bon cœur et admettre qu'il devanit urgent d'agir.
Les états ont utiliser plusieurs leviers : Il y a donc les nationalisations totales ou partielles des banques, le rachat des actifs véreux, des dépôts de garanties pour les particuliers, etc...

Les conséquences multiples
Ensuite nous connaissons l'histoire : l'adoption du plan Paulson (700 Mds de dollars pour venir en aide aux banques) par le Sénat donnait un espoir aux marchés d'une sortie de crise rapide. Idem en Europe : l'action plus ou moins concertée des états membres laissait figurer une issue rapide avant qu'il n'y ait récession. Que nenni. La confiance a été tronquée. La suite logique, c'est que les bourses, sur tout les continents, ont dévissé très fortement. La crise s'installe donc durablement. Ce qui est intéressant dans tout ça à remarquer : le pétrole est passé de 140$ (au mois de juillet) à 60$ (au mois d'octobre), ce qui indique à présent que les paramètres inflationnistes (...) ne sont plus d'actualités, et que l'offre est à présent plus forte que la demande (ce qui prouve bien le caractère spéculatif de la hausse). C'est en ce sens que l'OPEP a décidé de réduire sa production de 1.5 Mb/j. Deuxième point : la remontée spectaculaire du chômage dans les pays occidentaux, qui font craindre une baisse conséquente de la demande pétrolière. Troisième point : pour la première fois depuis plus de 10 ans, la Chine n'aura pas une croissance à deux chiffres, cette année. C'est notamment une conséquence directe de la crise occidentale.

Au final, il s'agit bien d'une crise, car les fondamentaux (chomage, consommation, production, croissance, construction, etc...) sont dans le rouge et ils vont le rester pendant un petit moment.

(Depeche) : L'économie chinoise ralentit sous l'effet de la crise internationale

La croissance de l'économie chinoise est passée sous la barre des 10% sur les trois premiers trimestres 2008, ressentant les premiers effets de la crise internationale, selon Pékin.

Des traders suivent les cours de bourse sur leurs écrans à Hong Kong le 13 octobre 2008 Agrandir la photo

Le produit intérieur brut a enregistré une hausse de 9,9% en glissement annuel, contre 12,2% sur la même période de 2007, a annoncé lundi le Bureau national des statistiques (BNS).

Sur l'ensemble de 2007, le PIB chinois avait bondi de 11,9%, enregistrant sa cinquième année consécutive de croissance à deux chiffres.

Au troisième trimestre 2008, la croissance a tout juste atteint 9,0%, son plus faible niveau depuis le deuxième trimestre 2003, et le premier trimestre à un seul chiffre depuis 2005.

Désormais, la crise internationale affecte l'économie chinoise, a expliqué le porte-parole du BNS Li Xiaochao.

"Le taux de croissance de l'économie mondiale a notablement ralenti. Il y a davantage de facteurs d'incertitude et de volatilité" sur la planète qui "commencent à avoir un impact négatif sur l'économie chinoise", a-t-il souligné.

Le premier impact a été le ralentissement des exportations chinoises, estiment les analystes.

"La décélération de la croissance a été principalement le résultat du ralentissement des exportations et d'investissements plus faibles dans le secteur immobilier", a commenté Jing Ulrich, économiste de J.P. Morgan.

En septembre, les exportations ont néanmoins progressé de 21,5% en glissement annuel (+21,1% en août) et la Chine a enregistré un excédent commercial record de 29,3 milliards de dollars.

Shen Minggao, un économiste attaché au magazine financier de référence Caijing, impute le ralentissement de l'économie au troisième trimestre "en partie aux jeux Olympiques" d'août à Pékin.

"Mais, même ajusté du facteur olympique, la tendance au ralentissement est évidente", a-t-il dit à l'AFP.

Ce ralentissement se traduit notamment par la baisse de la production industrielle, à +15,2% depuis janvier -- et seulement +11,4% en septembre-- alors qu'elle était encore de +16,3% au premier semestre.

Au vu de ces résultats, les analystes prédisent une nouvelle série de mesures destinées à soutenir la croissance.

Celle-ci est redevenue la priorité du gouvernement depuis l'été et le début de la décélération de l'inflation, tombée en septembre à +4,6%, après avoir grimpé à 8,7% en février.

"Le gouvernement va rapidement prendre des mesures fiscales, et des politiques concernant le crédit et le commerce", a estimé Merril Lynch.

Pékin a déjà annoncé son intention d'augmenter les rabais de TVA afin de favoriser les exportations, tout en augmentant les importations, pour ne pas accroître l'excédent commercial.

Il a aussi indiqué qu'il soutiendrait le secteur immobilier, lors d'une réunion vendredi, dont les grandes lignes ont été rendues publiques dimanche.

Autre moyen pour soutenir la croissance: accélérer les investissements en capital fixe.

"Il y a de grands besoins d'investissements dans la construction en ville et les transports, ainsi que dans les zones rurales", a souligné Li.

Ces investissements sont d'ailleurs déjà repartis à la hausse: +27,0% sur les neuf premiers mois de l'année contre 26,3% au premier semestre.

De même que les ventes de détail, reflétant la consommation intérieure que les autorités essaient d'accroître, sont restées fortes (+22% depuis le début de l'année, +23,2% en septembre).

Pékin se veut donc rassurant: "Notre économie reste vigoureuse et capable de se défendre face aux risques internationaux", a déclaré le Premier ministre Wen Jiabao vendredi, selon Chine Nouvelle.

Mais le gouvernement a aussi souligné la baisse du "rythme de progression des profits des entreprises et des recettes budgétaires" et la "faiblesse" des places boursières.

La Bourse de Shanghai a perdu 70% depuis octobre 2007.

vendredi 10 octobre 2008

(Depeche) La débâcle gagne les marchés des métaux

Reuters - il y a 1 heure 14 minutes

SINGAPOUR (Reuters) - Les craintes d'un glissement de l'économie mondiale dans la récession n'épargnent pas les marchés des métaux, qui dégringolent à l'unisson des autres marchés, comme en témoigne la chute des contrats sur indices adossés au cuivre, qui perdent près de 9%, tout comme ceux du nickel.Le plomb, le zinc, l'aluminium et l'étain suivent la même trajectoire, et les métaux de Shanghai ont touché leur limite de réservation à la baisse, alors que l'indice Nikkei a chuté de 9,62%, sa plus grosse perte depuis le krach de 1987.

L'indice australien, à forte pondération métallique, a quant à lui lâché 8,3%, tandis que les prix du baril touchaient un plus bas d'un an.

"Nous sommes sur une route à sens unique. La panique qui sévit sur les marchés d'actions se propage. Nos employés à Londres nous disent que le cuivre pourrait tomber à 3.000 dollars. Les courbes montrent qu'une chute à 3.500 à 4.000 dollars semble crédible", commente Edward Meir, analyste chez MF Global.

Vers 9h00 GMT, le cuivre à trois mois sur le marché londonien perdait 8,69% à 4.894 dollars la tonne, touchant même 4.800 dollars, un plus bas depuis mars 2006.

Les contrats de Shanghai sur le cuivre ont été réservés à la baisse à 4% à l'ouverture, malgré une suspension de cotation jeudi et une clôture des positions ordonnée par la direction de la place financière.

Lors des deux dernières semaines, les contrats londoniens sur le cuivre ont fondu d'un tiers de leur valeur, tandis que ceux de Shanghai ont perdu 16%.

mercredi 8 octobre 2008

Krach ? Vous avez dit krach ?

Le problème de tout le monde
Rien que de prononcer ce mot dans une salle des marchés suffit à insuffler une tendance résolument baissière des cours, de tous les cours. Mais le mot est lancé.
Ainsi, le Mardi 07 octobre 2008 restera pour certains comme la pire des catastrophes qui ait pu s'abattre sur le "petit" monde de la finance depuis le jeudi noir de 1929. Jugez-en par vous même, les bourses mondiales accusaient, mardi dernier, toutes des reculs prononcés :

  • New York (DJIA) : -3,58%
  • New York (Nasdaq) : -4,34% (à 20h45, heure française)
  • Tokyo (Nikkei) : -4,25% (à 20h45 heure française)
  • Francfort (DAX) : -7,07%
  • Londres (FTSE) : -7,85%
  • Milan (SP-MIB) : -8,46%
  • Paris (CAC40) : -9,04%
  • Oslo : -9,22%
  • Lisbonne (PSI20) : -9,86%
  • Moscou (RTS) : -19,10% !
Et la liste pourrait être très longue, car les bourses asiatiques ont, elles aussi, fait le plongeon.
Que les bourses aient autant dévissées, soit ! Mais que la tendance reste à la baisse pour cette journée de Mercredi, cela devient franchement inquiétant. Je n'ose même pas essayer de comptabiliser la masse monétaire qui vient de se volatiliser en 48h.
Je suis tombé sur un article de l'associated press qui rapportait les propos d'un analyste estimant à 2.000 Mds de dollars, les pertes enregistrées par l'épargne-retraite américaine. Mais concrètement, les pertes seront autrement plus colossales quand on fera le calcul des pertes après coup.

Vers une action concertée des grandes economies
Ces derniers jours, nous avons vu s'élaborer des stratégies personnelles et unitaires (comme ce qui a été fait en Irlande, la Pologne ou l'Espagne). Ces dernières ont déclarées qu'elles assurerait les actifs des banques nationales à des plafonds qui oscillent en 50 et 70.000€.
Mais après une concertation avec les États-unis et l'Europe, tout le monde est désormais d'accord : il faut une action forte et concertée de l'ensemble de la communauté internationale pour remédier à la crise.
Apparemment, c'est plus facile à dire qu'à faire. Et enfin dire que le plan Paulson est une ineptie, je préférerai plutôt penser que c'est un début de réponse.
Comme je le mentionnais dans un précédent post, la FED et la BCE ont décidé, aujourd'hui même, conjointement d'abaisser leur taux d'intérêt directeur de 0,5%, respectivement à 1,5% pour l'une et à 3,75% pour l'autre. Attention je ne prétends pas avoir la science infuse, mais j'estime que nous sommes désormais arrivé dans une situation où il faut "oublier" les effets secondaires et les assumer pour mieux appliquer le remède : abaisser les taux d'intérêts.
La "balle" est désormais sur les marchés : chacun attends de voir la tendance générale et guette la moindre lueur d'optimisme chez son voisin qui pourrait être une amorce du cercle vertueux de l'économie en général. Mais ne nous leurrons pas, pour l'instant, c'est le cercle vicieux qui prédomine !

(Depeche) La crise a fait fondre l'épargne-retraite des Américains de 2.000 milliards de dollars, selon un analyste

AP - Mardi 7 octobre, 20h13

WASHINGTON - La crise financière a anéanti quelque 2.000 milliards de dollars (1.470 milliards d'euros) épargnés par les Américains dans leurs plans de retraite au cours des 15 derniers mois, a estimé mardi le principal expert en matière budgétaire auprès du Congrès.

Cet analyste, Peter Orszag, auditionné devant une commission de la Chambre des représentants, a également déclaré que ces pertes colossales allaient probablement contraindre nombre de salariés américains à retarder leur départ en retraite et à repousser certains achats importants.

Dans un récent sondage réalisé pour l'Associated Press par l'institut GfK, plus de la moitié des personnes interrogées disaient craindre de devoir travailler plus longtemps en raison de la baisse de valeur de leur épargne-retraite souvent placée dans des fonds de pension, aujourd'hui durement affectés par la crise financière. AP