Par Anne RENAUT AFP - il y a 16 minutes
PARIS (AFP) - La flambée des cours du pétrole en juin a fait chuter la consommation de carburants en France, notamment celle des ménages qui ont nettement moins acheté d'essence pour leur voiture, selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip).
La demande de carburants en France a subi une "chute énorme" de 10% en juin par rapport à juin 2007, et un recul "significatif" d'environ 1,5% sur six mois, a affirmé jeudi à l'AFP le président de l'Ufip, Jean-Louis Schilansky.
Ces chiffres provisoires sont ceux des livraisons de carburants aux stations service, mais "en consommation la tendance est la même", a-t-il précisé, en ajoutant qu'il est "incontestable qu'à ce niveau-là, il y a un effet prix".
Sur les six premiers mois de l'année, comparés à la même période en 2007, la demande a subi un recul de 1,48%, jugé "significatif" par M. Schilansky, qui n'a pas vu une telle baisse depuis "très longtemps".
Jusqu'en mai compris, la tendance était en effet à la stabilité de la demande de carburants (+0,44%).
L'essence est particulièrement touchée, puisque sa demande a chuté de 15% au mois de juin et de 7,8% sur six mois pour atteindre 5,9 millions de mètres cube.
Pour le gazole, carburant le plus consommé en France et dont la flambée des prix provoque régulièrement la colère de certaines professions, la demande a reculé de 8,7% en juin mais a légèrement progressé (+0,65%) sur six mois, à 19,1 millions de mètres cube.
"La clientèle domestique, seule à consommer de l'essence, est donc plus touchée que celle des transporteurs" routiers, demandeurs de gazole, a estimé M. Schilansky.
La flambée des prix du pétrole sur les marchés mondiaux en mai et juin, qui a culminé à un record, le 11 juillet, de 147,50 dollars le baril, a généré une envolée des prix des produits pétroliers comme l'essence, le gazole ou le fioul domestique, qui ont volé eux aussi de plus hauts en plus hauts.
A la pompe, les prix de l'essence et du gazole en France ont dépassé en juin de 4 à 5 centimes ceux de mai.
Le litre de gazole a passé le 30 mai la barre de 1,45 euro, avec un record à 1,4541 euro, tandis que le litre de super sans plomb 95 a frôlé le seuil de 1,50 euro, avec un plus haut le 20 juin à 1,4971 euro, selon des prix moyens hebdomadaires.
Outre l'effet prix, d'autres facteurs ont pu favoriser la chute de juin: un climat pluvieux qui a fait que les ménages "ont sans doute moins roulé", et "peut-être moins de jours fériés" qu'en juin 2007, selon l'Ufip.
Reste à savoir si les recettes de l'Etat en taxes sur les produits pétroliers (TVA et TIPP) vont diminuer du fait de ce recul de la consommation, alors que le surplus de TVA doit servir à alimenter un fonds pour des "mesures de solidarité" en faveur des ménages confrontés à la hausse des prix des hydrocarbures.
TVA et TIPP ont rapporté à l'Etat 120 millions d'euros de plus que prévu au premier trimestre, selon le ministère de l'Economie.
Ce recul de la consommation "rejoint la tendance aux Etats-Unis", où la demande d'essence a baissé, et alimente les craintes des marchés d'une baisse de la demande en pétrole.
Les prix du pétrole avaient perdu jeudi plus de 20 dollars depuis leur record du 11 juillet, en raison notamment de ces craintes.
Dans le sillage de ce recul du brut, les prix des carburants en France ont amorcé une baisse la semaine dernière, qui pourrait se poursuivre la semaine prochaine si les cours du pétrole restent autour de 130 dollars, selon l'Ufip.
Le litre de gazole s'est vendu en moyenne la semaine dernière 1,4379 euro, et celui du super sans plomb 95 1,4783 euro.