vendredi 6 mars 2009

Vers une cristallisation de la crise

Je lisais encore pas plus tard que ce matin que quelques économistes tablaient sur une reprise fin 2009. Je me permets de leur faire part de mon scepticisme le plus profond.
En réalité, plusieurs choses me font penser que la crise sera longue et coûteuse en énergie.

Tout d'abord le cas d'AIG
Cela peut paraître anodin, limite répétitif : un organisme financier qui annonce une perte trimestrielle record : 61.7 mds de dollars. Cet événement pourrait être rangé au rayon des mauvaises nouvelles avec celles des autres consorts Freddie Mac et Fannie Mae (même si leur activité n'est pas la même). Mais de la part du premier assureur américain, le frisson dans le dos fait deux aller-retours.
C'est Ben Bernanke, le patron de la FED qui se résout à renflouer la compagnie. Il n'en aurait pas pu être autrement : l'assureur de part ses relations dans le monde, aurait mis à genoux, l'ensemble de l'économie mondiale (ou du moins une bonne partie), en cas de faillite. L'exemple de Lehman Brothers suffit à lui-même.
C'est donc bien à AIG, qu'il revient de racheter à ses clients et sous-traitants, l'ensemble de leurs actifs "toxiques". La dette d'AIG risque donc fortement de ressembler au tonneau des Danaides et ce n'est que le début...
En effet, dans le cas de certains actifs assurés (c'est-à-dire dont les rendements sont garantis même en cas de pertes sèches sur les actifs principaux, c'est alors les assurances qui prennent le relais) AIG se retrouve contraint d'assurer les intérêts, d'où encore une autre source de pertes. On assiste là, a une propagation du phénomène, eusse-t-il fallut parler de contagion.

Ensuite sur un aspect macro-économique
On a établi de nouveaux records que nous n'avions pas vu depuis plus de 20ans. Pour commencer, le nombre de chômeurs aux États-unis, 23ans que le taux de chômage n'avait été aussi élevé !
Ensuite, le déficit extérieur du Japon, idem ! Le plus bas depuis 23 ans ! Je pourrais continuer longtemps ma litanie, les exemples ne manquent (hélas) pas. Ce sont malheureusement tous ces indices qui me font penser que la crise pourrait durer.
En réalité, tant que rien n'est fait pour enrayer les destruction des emplois, que ce soit partout sur le globe, la crise aura encore des choses à nous montrer. Il faut absolument permettre aux gens de conserver (ou bien de récupérer à moindre frais) leur immobilier et/ou leur emploi. À partir de là, seulement la reprise sera possible. Mais les banques semblent encore trop occupées à tenter de préserver leurs capitaux au lieu de tenter d'en créer d'autres. En effet, les conditions d'octroi des prêts sont toujours aussi drastiques (même si pour cela, il faut faire appel au médiateur du crédit). Au-delà de ça, c'est tout la sphère financière qui est à repenser.

mise-à-jour du 20/03/2009 : en réalité, ce ne sont pas les conditions d'octroi qui se sont durcies. Il y a de fait un manque patent d'acheteurs présents sur le marché. Ce qui a pour effet immédiat, une baisse des prix dans leur ensemble (l'offre étant supérieure à la demande). Il n'empêche que les banques sont toujours soucieuses de leur capitaux.